30 tonnes de Glycol, et moi, et moi, et moi...

Publié le par Rémi Demersseman-Pradel

Je suis décontenancé par les évènements de cette semaine. Jeudi matin, tout le secteur toulousain s'est réveillé sous la neige et le verglas. Les routes glissent, les voitures bouchonnent et ... les avions ne décollent pas. Vers 10h, sur les routes cela s'arrange : sel, sable, déneigeuses ont permis de dégager les grands axes. On pourrait débattre sur l'heure à laquelle ces moyens se sont déclenchés. Les mettre en place à partir de 6h au lieu de 9h voire 10h aurait permis d'éviter de nombreux bouchons et accidents...

Par contre, pour les avions, pas de décollages. Ceux-ci reprendront à partir de 18h seulement. La raison : l'aéroport n'avait que 10 tonnes de glycol au lieu des 30 requis pour tout dégivrer. Le problème n'est pas que les responsables de l'aéroport n'aient pas stocké les 30 tonnes. Mais plutôt qu'ils aient utilisé 30 tonnes de glycol dans une journée, pour dégivrer les pistes.

Le glycol, ou éthylène glycol ou encore éthan-1,2-diol est le plus simple composé chimique de la famille des glycols (information wikipédia). Il est fréquemment employé en tant qu'antigel, dans le liquide de refroidissement des automobiles. À température ambiante, c'est un liquide visqueux incolore et sans odeur, avec un goût sucré. L'éthylène glycol est surtout toxique, et son ingestion nécessite des soins médicaux urgents.

30 tonnes déversées en une seule journée sur l'ensemble des avions et des pistes. 30 tonnes qui ont du ensuite été évacués vers ... le sol et donc le sous-sol de l'aéroport. Ou, pire, qui se sont écoulés jusque le réseau de canalisations publiques... En bref, 30 tonnes de glycol qui se sont retrouvés dans la nature et sont allés mettre en danger la nature et les hommes qui en bénéficient. Je bois de l'eau du robinet. Quelle quantité de glycol a pu se retrouver dans mes verres d'eau quotidiens ?

Voilà ce qui me gène : à partir de 18h, 3/4 des avions ont déjà été annulés (88 avions partant avant 18h de Toulouse, sur les 120 de la journée - information site internet aéroport de Toulouse). Et vendredi matin les conditions climatiques avaient permis de circuler de nouveau sur tout le secteur.
Plutôt que d'attendre puis de répandre 30 tonnes de glycol pour permettre à 1/4 des avions de circuler, pourquoi ne pas avoir tout simplement fermé l'aéroport pour la journée, ce qui permettait d'évacuer la neige et le givre dans des conditions plus naturelles (grattage des sols). Météo France permettait de savoir que les conditions météorologiques allaient s'arranger d'elles-même entre jeudi matin et vendredi.  

En tant que citoyen, je suis régulièrement sensibilisé à économiser la nature. Je n'utilise, par exemple, qu'exceptionnellement des peintures nécessitant un nettoyage à la White Spirit, laquelle White étant réutilisée d'une fois sur l'autre, avec des chiffons spécifiques, et n'étant jamais envoyée dans mes canalisations. Mais quelle est la prise en compte de la nature dans les entreprises polluantes ? Quelles sont les incitations et contraintes qu'elles reçoivent pour cela ? Il n'est pas normal de faire supporter quasi-exclusivement les contraintes et incitations sur la population, alors que les entreprises représentent 50% (à confirmer, je suis preneur de toute étude à ce sujet) de la pollution ?

Il faut que chaque homme adulte de notre région jette 30 cl, soit un grand verre entier de glycol dans son évier pour endommager autant la nature. Ramené à la population de Plaisance du Touch, cela représente 2 litres par habitant, qu'il s'agisse des hommes, des femmes ou des enfants !

Publié dans Environnement

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