CO2 et captivité pétrolière du consommateur

Publié le par Rémi Demersseman-Pradel

Nous y sommes : la Taxe Carbone arrive ! Formidable ? Non !

Si travailler à la réduction des émissions de CO2 est vital pour la planète, il semble que nous ayons, une fois de plus, pris la direction de la solution la plus socialement défavorable : taxer le consommateur sans lui permettre de changer réellement son mode de consommation.

Une étude de l'UFC-Que Choisir (cliquez ici) met en évidence que le système retenu "qui surtaxe la consommation pour abaisser le coût du travail, n'est rien d'autre qu'une TVA sociale appliquée au secteur de l'énergie. Les consommateurs ne comprendraient pas que le gouvernement utilise l'enjeu climatique pour mettre en oeuvre une réforme fiscale aussi néfaste pour le pouvoir d'achat et qui avait été fort sagement abandonnée."

L'UFC-Que Choisir préconise la mise en place du Chèque Vert de la Fondation Hulot. Certes. Mais est-ce que de prendre d'une main pour redonner de l'autre est une solution long terme ? J'y vois 4 problématiques :
- la définition des destinataires du Chèque Vert. A quel niveau de revenus (si c'est l'indicateur retenu) faut-il placer l'attribution du Chèque Vert ? 20% de la population ? 50% ? 80% ? Ceux dans les % supérieurs trouveront toujours la décision injuste, et ils auront probablement raison.
- la possibilité pour ce Chèque Vert d'être supprimé au cours d'une prochaine mandature. Sa mise en place ne serait donc qu'une solution provisoire, utilisée comme biais de communication sociale positive pour tromper la vigilance des futurs électeurs (Régionales 2010 à venir).
- le choix d'une taxation auprès des consommateurs au lieu d'une incitation technologique. Les salariés des classes moyennes et pauvres subissent souvent une obligation de déplacements automobiles quotidiens, le coût d'une résidence principale décroissant proportionnellement à sa distance aux principaux lieux d'activités professionnelles. Aujourd'hui, le parc automobile reste cantonné à 99% de propulsion thermique. Inciter financièrement les entreprises à développer massivement les propulsions alternatives est nécessaire. J'évoquai déjà en 1999 ce sujet avec des ingénieurs de PSA, qui admettaient que la propultion électrique n'était pas étudiée "sérieusement" alors. Un retard qu'il est urgent de rattraper, et l'Etat peut y jouer un rôle.
- l'absence de taxation des entreprises à l'origine de la pollution (productrice de CO2 ou commerçantes des matières premières).

Il me semble que, même s'il faut se réjouir d'une prise en compte des problématiques écologiques, la mise en place des solutions doit être faite en appui aux populations, et pas sous la forme d'une injustice supplémentaire.  

Publié dans Environnement

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